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Que signifie votre nom ?

Avant-propos
Que signifie mon nom ? Voici une question qui intéresse beaucoup de personnes. Légitimement certes ; c'est une lapalissade que de dire que notre nom est une part de notre identité (n'est-il pas en tête de notre carte, d'identité précisément?)
Cependant, partant ainsi de la surface des choses, on se trouve rapidement conduit à aller plus profondément dans la connaissance des langues. Le nom de ma famille n'est pas tombé sur ma lignée par le mystère d'un rayon astrologique. Il vient d'un trait caractéristique de mon lointain ancêtre.
Ainsi celui qui donna leur nom aux "Astuc" était sûrement un chanceux, né sous une bonne étoile. Celui qui a été le premier "Boyer" conduisait de bœufs. Les "Chauvin" et "Chauvet" n'ont pas un ancêtre nationaliste obtus, mais quelqu'un qui avait perdu ses cheveux. Qu'eut à voir le premier "Darbon" avec les taupes, la réponse est difficile. Mais le lien des "Euzière" avec le chêne vert et les "Fournier" avec la boulangerie est clair. Clair pour qui connaît la langue d'Oc.
J'ai suivi l'ordre alphabétique pour montrer que, comme dans tout dictionnaire, la liste des noms ne sera jamais close et que les étymologies n'ont pas un tronc unique. Cette rubrique* essaie de répondre à vos questions… dans les limites de notre science ! D'entrée, vos demandes obligent à étudier la formation des noms français, catalans, corses et italiens à côté des occitans. Quelle belle leçon d'ouverture !
Quelle gifle à tous les chauvinismes et autres racismes !
Tous les auteurs des dictionnaires traitant de noms de famille remarquent les origines germaniques d'un grand nombre de ceux-ci. Leur romanisation, leur évolution, l'oubli de leur signification première donnent lieu a de brillants exercices d'élucidation, voire de décryptage.
Cependant, dans ce peuple gallo-romain soumis à ses nouveaux maîtres, la partie non liée directement aux châteaux (par le sang ou par la domesticité) a crée des noms, devenus ensuite patronymes, à partir d'une caractéristique physique du personnage, ou à partir de son métier.
Et il semble bien que pour cette seconde origine de nos noms de famille actuels, les choses soient encore assez floues dans les dictionnaires cités. Oserai-je dire que cette faiblesse vient peut-être en partie de ce que nos savants, férus de grec, de latin et de germanique semblent moins au fait de ce qui se parlait et s'écrivait dans notre pays entre les Ve et XIIIe siècles, certes, langue d'Oc et langue d'Oil étaient alors plus proches qu'aujourd'hui, mais une bonne connaissance de l'Oc en tant que tel est indispensable en onomastique.
Georges Gibelin

* Rubrique dans "La Marseillaise".

A

Albar / Aubarède
L'albar ou aubar est le nom occitan du peuplier blanc (populus alba), dans le languedoc oriental, "A Agde", nous dit Mistral qui ajoute, Albar, nom de famille languedocien. Dans le Tarn, l'albar, c'est le saule. Mistral fait remarquer que la ville de Montauban (Mont Alba), encore plus à l'ouest, porte un saule dans son blason. Mais c'est un saule alba ou saule blanc. En effet, en Provence, comme dans le Quercy, c'est au saule blanc que l'on réserve le nom d'albar ou aubar.
Pour J. Jasmin, de Toulouse, faubar, c'est le saule ou plutôt un osier. Mistral cite de lui: Un vièlh setut sus un fautuelh d'aube.... Le fauteuil n'est pas en peuplier, bien sûr.
En Rouergue, plantar d'aubars, c'est perdre son temps ; là aussi, c'est certainement du saule qu'il s'agit.
Par contre, en Provence orientale, dans le Comté de Nice, nous retrouvons mauba pour le peuplier blanc. C'est G. Castella qui le précise dans son dictionnaire niçois-français. Il ajoute qu'en piémontais, c'est alba et en gênois arbua.
S'agissant des noms d'arbres, on trouve des noms de personnes qui en sont directement issus. On a alors pris en considération des qualités physiques ou morales attribuées à l'arbre : pour albar, ce serait la souplesse ou encore le brillant argenté. Mais on a plus souvent attribué à la personne le nom de l'arbre qui distinguait sa propriété.
Ainsi trouvons-nous à Manosque trois Aubard et trois Aubard aussi à Nice, plus un Aubart.
Mais le plus souvent encore, c'est le nom d'un lieu planté de l'essence considérée qui a donné le nom de personne. Ce sont alors des dérivés et des composés du nom simple que nous rencontrons. La chose se vérifie encore pour l'aubar. Le dérivé le plus fréquent produisant un nom propre est Albarède ou Aubarède. Ce n'est peut-être pas une question d'ancienneté qui distingue les deux formes (la vocalisation du l n'étant apparue qu'au XVe siècle). Cette nuance est en tous cas précieuse pour déterminer l'origine géographique du nom.
La Provence et la Gascogne sont passées au u, alors que le Languedoc conserve le l.
Au même titre, voici un autre dérivé : Albaret là, Aubaret ici.
M.T. Morlet signale encore des Albares, Albarel, Albarot (qui est un diminutif), Albarran et même en Franche-Comté (zone franco-provençale), la forme diminutive Albaretaz.
Nous trouvons encore deux formes composées. Avec la préposition de, M.T. Morlet trouve des Dalbaret. Avec l'article la, Mistral signale Laubarède : "nom de famille méridional", nous dit-il.
Venant du nom de la plantation de peupliers ou de saules, voici donc à Marseille sept Albaret et six Albarecin (ou-sin ou -zin). Les Albarède ou Aubarède se trouvent (en petit nombre) un peu partout dans nos villes. Avignon semble privilégier deux dérivés bien à elle: Albaron et Albarit.
Laubardemont, magistrat né à Bordeaux en 1590 fut l'instrument de Richelieu contre Cinq Mars, Grandier et de Thou.